GRHL - HISTOIRE LOCALE DE RIS-ORANGIS

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Les acteurs rissois de la Révolution

Marquis Anisson Dupéron, Seigneur de Ris ; Pierre Galopin Delamazure, curé de Ris ; Gabriel Sallin, épicier, syndic municipal, notable ; Rémy Guillaume Raby, charpentier, 1^er Maire de Ris-Orangis élu en 1790 ; Joseph Vatar, major de la Garde nationale ; Nicolas Juvet, procureur de la commune ; Jean Baptiste Hanet-Cléry, précepteur du Dauphin ;  Louis Charles Emmanuel Lescoffier, 1^er Régisseur d’Anisson Dupéron ; Jean-Baptiste Lebault, 2^ème Régisseur d’Anisson Dupéron ; Comte de Saint-Priest, plusieurs fois Ministre de Louis XVI.

Autres personnages ayant été acteurs

Dr Joseph Guillotin, Député de Paris aux États généraux ; Duc François de Noailles, Pair de France

Vous, Jacques Étienne Alexandre Anisson Dupéron, seigneur de notre village, vos fonctions parisiennes de Directeur de l'Imprimerie Royale vous tiennent éloigné de Ris ; vous n'êtes pas un méchant homme et vous vous reposez sur vos régisseurs, Lescoffier et Lebault. Ceux-là font beaucoup de misères aux Rissois quelques fois sur votre ordre, mais n'ont-ils pas été au-delà de vos désirs ? Vous représentez la Noblesse dans notre bourg.

Vous, Pierre Galopin Delamazure, vous, Bisson, nos curés, vous, Louvrier, notre vicaire, vous avez choisi le parti d'Anisson et pourtant nous n'étions pas vos ennemis, nous assistions assidûment à vos offices, nous avions le désir de vivre en paix avec vous. Vos contradictions, votre intransigeance nous ont lassés. Un jour vous prêtez serment, le lendemain vous reniez votre parole, vous refusez de nous lire les lois et les décrets et pourtant vous savez qu'une partie d'entre nous est illettrée. Qui pourrait avoir connaissance des lettres de notre roi et de nos députés si vous ne les lisez pas le dimanche à la messe ?

Vous, Gabriel Sallin, propriétaire et commerçant épicier qui êtes en cette année 1788 notre syndic municipal. Vous êtes un riche notable et représentez le Tiers État dans notre petite communauté. Avec votre frère Jean-Baptiste et vos familles, vous serez présents dans tous les événements. Êtes-vous bon, êtes-vous mauvais comme le dit un certain poème, n'êtes-vous pas surtout intéressé à augmenter vos richesses ?

Toi, Rémy Guillaume Raby, tu seras notre héros principal dans cette tragédie. Maire de 1790 à 1792, citoyen et sans-culotte rural, membre de la Société populaire et du Comité révolutionnaire, tu es un peu malmené par tes adversaires, en ce jour du 30 juin 1790. Ton honnêteté sera battue en brèche quand Dupéron te proposera un joli magot pour le faire libérer. Sauras-tu résister à la tentation ? Tes fidèles amis sont là aussi : Jean-Baptiste Bézault, aubergiste à l'enseigne du Dauphin, Antoine Melchior Berthe, aubergiste à celle de l'Écu de France et Alland à celle de Saint- Nicolas, Jacques Bailly le pâtissier qui te remplacera comme maire de 1792 à 1793 ; Victor Langlois l'herboriste et Joseph Vatar le major de la Garde nationale. Ne vous êtes-vous pas épuisés au service de la Révolution ?

Avec eux il y a tes partisans, ceux qui tenteront de te faire élire maire. Germain Andry, le charron, Louis Chamblain, aubergiste à La Borde, Didier Cherey, le cordonnier et premier officier d'état civil de Ris, Duchenoir, le perruquier et Jacques Gravier, le chirurgien, Pierre Deliot, le cabaretier, et Hatesse, vigneron et bedeau et tous les autres, en tout vingt-sept qui seront présents à ton élection secrète ce 11 janvier 1790. Puis ceux qui s'opposent à toi et qui rallieront ta cause plus tard : Jacques Baudet, le boucher, Alexandre Brigaudin, le pêcheur de La Borde qui revendiquera la charge de passeur du bac, les Bertin, Jean-Pierre Dasmin et Pierre Delaroche, encore des aubergistes, Jean Louis Carré, l'entrepreneur de terrasses qui deviendra maire en 1793, Nicolas Marchand, le maître de poste, élu maire, en secret, Louis Michaut, le boulanger, Jean Mien, le scieur de long et sa turbulente femme et d'autres encore...

Toi, Jean-Baptiste Hanet dit Cléry, qui prononça l'oraison funèbre à la mémoire de Mirabeau et ta femme qui tint le voile de deuil dans notre-église, tes fonctions auprès du petit dauphin puis auprès de la famille royale, au Temple, ne t'ont pas permis de profiter longtemps de ta maison de Ris.

Et vous, les sans grade, journaliers, commis, domestiques qui vous partagez dans les deux camps, derrière celui qui vous donne de l'ouvrage.

Vous, les mauvais garçons, Truchet, Chasseigne et Simon, qui troublez le calme public, comme si nous avions besoin de cela en plus de nos soucis, et les Pottemain, cabaretiers qui volez dans les potagers le bien d'autrui.

Vous, les femmes présentes dans les assemblées d'habitants et dans la rue, vous interpellant, vous injuriant, la voix haute, toi, la citoyenne Anne Antoinette Mien qui, pour défendre ton frère n'hésite pas à menacer la garde nationale avec ta hache, seras-tu  choisie pour être la déesse Raison sur le char de la fête ?

Et vous, les figures de pierre : Brutus, le légendaire fondateur de la République romaine, ton nez porte encore la trace du coup de sabre que de mauvaises gens t'ont assené durant la nuit. Les Martyrs, Marat, le tribun et Le Pelletier, le régicide, serez-vous familiers à nos rudes Rissois ?

Et toi, Bara, le jeune tambour de Palaiseau mort en brave, les enfants de Ris ont honoré ton martyr par une fête qu'ils ont voulu aussi grandiose que celle de leurs aînés. Comment situer cette figure énigmatique et difficile à présenter : le citoyen Jean-Baptiste Alleaume de Sainneville, ci-devant curé d'Orangis, président de la Société populaire de Brutus, noble, prêtre constitutionnel et sans-culotte, marié le 5 thermidor an II ?

Au-dessus de vous tous plane l'ombre d'un personnage sans lequel notre tragédie ne pourrait se jouer ; le Roi, vous le disiez le meilleur des rois et vous les plus fidèles de ses sujets. Pourtant avec quelle hargne et quel zèle vous avez réagi quand vous avez appris sa fuite. Il ne faisait pas bon traverser Ris ce jour-là. Tout voyageur était suspect et tout suspect, arrêté.

(texte de JP. Vinchon, dans "Quand Ris et Orangis s'appelaient Brutus")

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