GRHL - HISTOIRE LOCALE DE RIS-ORANGIS

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RÉMY GUILLAUME RABY (1754-1817) - PREMIER MAIRE ÉLU DE RIS ET DE FRANCE

Le menuisier Rémy Raby ; Raby assiste à la rédaction des cahiers de doléances dans l'église ©dessins Jacqueline Clavreul (Cliquez pour agrandir)Le menuisier Rémy Raby ; Raby assiste à la rédaction des cahiers de doléances dans l'église ©dessins Jacqueline Clavreul (Cliquez pour agrandir)

Le menuisier Rémy Raby ; Raby assiste à la rédaction des cahiers de doléances dans l'église ©dessins Jacqueline Clavreul (Cliquez pour agrandir)

Lorsque la Révolution éclata en juillet 1789, Rémy Guillaume Raby entra tout de suite dans la lutte pour l’application des doléances, à la rédaction desquelles il participa au mois de mars. Il était menuisier mais se disait entrepreneur de menuiserie. Pendant cinq ans, il s’opposa au seigneur de Ris, Jacques Étienne Alexandre Anisson-Dupéron et au curé Pierre Galopin Delamazure. Il avait le soutien de l’épicier Gabriel Sallin qui était un homme cultivé. Leurs partisans étaient de même condition sociale que ceux du seigneur : ouvriers, vignerons, journaliers employés par des artisans. Finalement deux factions de constitution sociale et quantitativement identiques.

La marquis Anisson Dupéron, seigneur de Ris ; Le curé Pierre Galopin Delamazure ©dessins Jacqueline ClavreulLa marquis Anisson Dupéron, seigneur de Ris ; Le curé Pierre Galopin Delamazure ©dessins Jacqueline Clavreul

La marquis Anisson Dupéron, seigneur de Ris ; Le curé Pierre Galopin Delamazure ©dessins Jacqueline Clavreul

Raby fut élu maire de Ris le 11 janvier 1790. Il fut le premier maire de France comme l’atteste le Journal des Décrets de l’Assemblée nationale du 19 janvier. Il est possible qu’à la même époque d’autres villes auraient pu prétendre à cet honneur mais c’est la première élection enregistrée par l’Assemblée. Le vote avait eu lieu dans la salle commune.

Journal des décrets de l'Assemblée nationale annonçant l'élection du maire de Ris

Journal des décrets de l'Assemblée nationale annonçant l'élection du maire de Ris

Cette première élection fut contestée par Anisson Dupéron qui fit élire, dans l’église et en secret, une autre municipalité. La réaction ne se fit pas attendre. Raby, par courrier adressé à l’Assemblée nationale, dénonce :

Les électeurs qui se sont séparés des vrais citoyens, étant par ailleurs des gens répudiables, suivant vos décrets, qui ne peuvent avoir le titre de citoyens actifs et qui voyant à la lecture de vos décrets et de l’instruction sur la formation des nouvelles municipalités, qu’ils étaient naturellement exclus de l’assemblée de la commune, ont entraîné avec eux les fermiers du sieur Anisson, des journaliers à sa solde et quelques habitants qui tiennent à lui par des intérêts particuliers.

Archives municipales

L’Assemblée nationale envoya alors une délégation composée de Bureau de Passy , du vicomte de Noailles et du docteur Guillotin. La commission décida de faire revoter le 21 mars mais le résultat fut le même.

Le vicomte de Noailles et le docteur Guillotin ©WikipédiaLe vicomte de Noailles et le docteur Guillotin ©Wikipédia

Le vicomte de Noailles et le docteur Guillotin ©Wikipédia

Les partisans de Dupéron tentèrent alors de prendre le contrôle de la Garde nationale. Raby apprit que des habitants s'étaient rendus à Corbeil pour déclarer une Garde nationale de Ris qu’ils venaient de créer et voulaient l'affilier à celle de Corbeil. Raby, conscient du danger, décida de se rendre au district afin d'y rencontrer le comte de Clermont-Tonnerre, président de la Commission intermédiaire du département de Corbeil et d’empêcher cette entreprise.

Sorti de l’administration, il [Raby] rencontra des amis qui le prièrent d’accepter un verre de bière chez Mme Guedelin où ayant à peine bu un verre il vit entrer dans la maison un grand nombre d’hommes de Ris qui criaient : « le voilà le maire de Ris, il faut le pendre ». Assailli par quarante hommes, il ouvrit la fenêtre et sauta dans la rue où il mit la main à son sabre ; il fut poursuivi, courant pour se rendre à l’hôtel de ville, parvenu à la rue Saint-Spire ayant été forcé de se défendre à plusieurs reprises, un particulier le jeta par terre ; alors que 60 de ces hommes tombèrent sur lui et le frappèrent de coups de bâton dont il souffre beaucoup…

Archives municipales

A la tête des agresseurs on avait reconnu le concierge de Dupéron et Jean Mien.

Agression du maire, rue Saint-Spire à Corbeil - Uniformes de la garde nationale ©dessins Jacqueline ClavreulAgression du maire, rue Saint-Spire à Corbeil - Uniformes de la garde nationale ©dessins Jacqueline Clavreul
Agression du maire, rue Saint-Spire à Corbeil - Uniformes de la garde nationale ©dessins Jacqueline ClavreulAgression du maire, rue Saint-Spire à Corbeil - Uniformes de la garde nationale ©dessins Jacqueline Clavreul

Agression du maire, rue Saint-Spire à Corbeil - Uniformes de la garde nationale ©dessins Jacqueline Clavreul

Raby n’était pas cultivé comme Sallin. Il ne savait pas très bien écrire, et les premiers procès-verbaux qu’il rédigea en l’absence du greffier Jacques Gallois, maître d’école, étaient tracés d’une main hésitante ; les phrases étaient écrites phonétiquement et les mots, accolés les uns aux autres. On sent l’application qu’il met à remplir cette tâche. Avec le temps, l’écriture s’affirma mais devint moins lisible.
Progressivement, les partisans du seigneur le quittèrent pour rejoindre les révolutionnaires.
Durant l’hiver 1792-1793, l’Assemblée nationale décréta que tous les propriétaires devront déclarer la quantité de leurs bois ; il s’agissait des arbres qui pouvaient être abattus pour procurer du bois de chauffage. On peut penser que Dupéron ne se serait pas soustrait à cette obligation, son tort ayant été de laisser à son régisseur le soin de faire les déclarations qui seront jugées fausses. L’ancien seigneur fut arrêté et conduit à la prison de Corbeil puis transféré à la Conciergerie.
Il condescendit alors à s’adresser à son ennemi de toujours, Raby. Il lui proposa une somme de 30 000 livres pour témoigner en sa faveur. Raby sembla accepter l’argent, mais vint le déposer sur le bureau de la municipalité.
Dupéron fut guillotiné le 24 avril 1794.


Sources
► Archives municipales
► Illustrations de Jacqueline Clavreul
 

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